2016 l’année de la startup en Algérie
Tout observateur même occasionnel de la mutation des TIC en Algérie pourra vous dire sans se tromper que nous avons accumulé un retard certain dans le domaine de la création de startup mais encore plus dans la capacité à les accompagner pour en faire des entreprises rentables et pérennes.
Sans vouloir jeter la pierre à qui que ce soit je dirais que les torts sont partagés, d’un côté les startuppers qui bâtissent des projets copier/coller de ce qu’ils voient en occident sans pour autant répondre à un besoin local ni prévoir des sources de revenu autres que la rente publicitaire, de l’autre un écosystème très faible, où le mot “incubateur” ne désigne que celui de sidi abdellah et le mot fond d’investissement absent du dictionnaire.
Mais tout cela commence à bouger sérieusement et c’est avec plaisir que l’acteur/ observateur que je suis vois un écosystème se former assez solidement pour devenir durable et viable.
L’écosystème
Les lieux de vie s’organisent
La naissance des deux coworking space algérois TheAdress et Sylabs, a permis à plusieurs événements de voir le jour et cette dynamique en marche n’est qu’un début puisque plusieurs autres lieux similaires sont en cours de lancement afin d’être autant de foyers pour les jeunes pousse à venir.
Les événements se professionnalisent
Les startups weekend et autres événements du genre c’est bien gentil, mais c’est un peu comme un match amical, on ne joue pas pour de vrai et on ne gagne pas vraiment, mais on s’entraîne bien!
Depuis, à côté de ces événements -qui restent nécessaires- qui ont tendance à se banaliser, arrive une nouvelle vague d’événements parfois internationaux à l’image du Startup Altitude — qui a vu la startup Dirassatic gagner son ticket pour représenter l’Algérie au Startup Istanbul — ou Seedstars Algeria — qui aura lieu le 29/10 et permettra à une startup algérienne de participer au Seedstars world à Lausanne- d’autre 100% locaux mais non moins ambitieux à l’image de THE MVP prévu pour mars veut devenir un véritable accélérateur de startups.
L’information se vulgarise
Aux côtés des pionniers que sont Ntic Mag et IT Mag la nouvelle garde s’organisent.
Plus orienté startups et tutoriels, à l’image de startupalgerie.top qui fournit des portraits de startups et dossiers pratiques en trois langues (arabe francais et anglais) mais aussi de Tiknoria et Geekcademy qui fournissent de l’information de valeur pour tout startupper et en Arabe s’il vous plait, autant dire que vous n’avez plus d’excuses!
Et les startups dans tout ça ?
Ce qui m’a marqué dès 2015 et surtout en 2016 c’est le fait de voir les jeunes prendre leurs projets au sérieux, et pousser pour vendre au plus vite, chose qui avant n’arrivait qu’en bout de courses et souvent trop tard.
Des startups pour répondre à des besoins locaux
Des problèmes ce n’est pas ce qui manquent chez nous et pourtant nos startups semblaient les bouder alors que c’est une source de revenu quasi-assurée,comme le démontre Rdv Toubib ou encore Sihhatech qui rendent la prise de rendez-vous médicaux à portée de clics résolvant un souci rencontré quotidiennement par des milliers d’algériens.
Webstar (auto et électro) fait quant à lui un travail formidable pour ce qui est de la comparaison des prix, ce qui permet de gagner un temps précieux, toujours dans le domaine de la comparaison de prix ElKoffa offre une application géolocalisée -en bêta test actuellement- qui compare les prix des achats quotidiens et vous guide vers le moins cher des marchands, l’intérêt social affiché par le fondateur étant d’aider les familles modestes à optimiser leur budget.
Moulsanaa et Allometier vous mettent en contact avec les artisans (plombiers, maçon , électricien, etc) de votre région, et on sait tous comme cela est parfois compliqué!
Certaines startups tentent de résoudre le souci de la mobilité particulièrement urbaine,à l’image de Cheetah-car (covoiturage) Linkibus ( solution de transport collectif inter-entreprises) ou Autopub (le uber de l’affichage publicitaire sur véhicule).
D’autres tentent de résoudre des problèmes locaux plus universels comme l’écologie — citons W.E.T (système de recyclage d’eau domestique) et Evolutech (économie d’énergie)- ou encore la condition des handicapés comme SmartEs ou DALIL qui promettent de révolutionner le quotidien des non voyants. Ces startups ne sont qu’un échantillon et bien plus encore s’activent à rendre notre quotidien plus agréable.
Des startups à la conquête des marchés internationaux
Exporter n’est plus un fantasme puisqu’il fait partie de l’ADN de certaines de nos startups à l’image de iOgrow — vainqueur de l’édition 2015 du seedstars algeria- ou Facilyo qui permet de bâtir un site sans savoir programmer, dont les produits sont de classe internationale et comptent déjà des utilisateurs hors d’Algérie.
Le domaine du jeu est aussi à l’honneur avec deux pépites Xerise qui est actuellement en final de l’un des plus grands concours de jeux vidéo au monde et Synoos qui totalise presque deux millions de téléchargements sur ces applications éducatives.
Enfin certaines startups s’attaquent à des domaines plus atypiques ou du moins inattendus -en Algérie- je citerais à titre d’exemple DzVirtual qui permet aux professionnels de créer des visites en réalité virtuelle de leur commerces ou entreprises et Digitiny qui offre la possibilité de vendre ses création ( image, son et vidéo) aux artistes directement à partir de leur Dropbox ou Google Drive.
L’agriculture n’est pas en reste avec Dar El Fakya une startup qui produit et souhaite exporter des huiles de pépins de fruits ( raisins, abricots, etc.) et dont le produit phare est l’huile de figue de barbarie… un produit bien de chez nous qu’elle veut faire découvrir au monde!
Que nous manque-t-il ?
Etrangement les startups B2B manquent cruellement à l’appel alors que les besoins des professionnels sont bien réels et récurrents, donc ma conclusion va être un appel à tous ceux rêvant de créer une startup sans avoir d’idées, regardez les professionnels autours de vous et identifiez leur besoins c’est une clientèle et une source de revenus assurées.
Pour conclure
Cet engouement des jeunes pour l’entrepreneuriat mais surtout cette capacité à concrétiser les projets tranche avec la passivité et l’attentisme passées.
Ces startups veulent croître et se développer avec une soif de conquête et de croissance qui se ressentent.
Parier sur ces jeunes pousses c’est parier sur l’avenir , un avenir où l’Algérie pourrait prétendre à être aux standards mondiaux en terme de TIC.
Autrement-dit une économie diversifiée mais surtout décarbonée, une source de revenus à l’export et d’emploi locaux quasi-intarissable.
Mais au delà de toute considération mercantile, ce pari est celui d’une jeunesse indépendante et optimiste, qui prend les choses en main malgré toutes les difficultés que peut vivre un pays jeune dans un monde en crise.
Source: Article originalement publié dans NTIC Magasine & republié dans Starupalgerie